Ce mois-ci, la scène de la mode européenne a été marquée par la victoire de Petra Fagerström à l’évènement Challenge the Fabric à Milan. Cette jeune diplômée de Central Saint Martins a séduit le jury avec une jupe et un manteau structurés, confectionnés à partir de jersey Sappi Verve et de twill Ecocell™, des fibres recyclées innovantes. Son approche novatrice de l’upcycling, mêlant techniques de plissage et matériaux durables, incarne une nouvelle ère de la mode responsable. Cette reconnaissance souligne l’essor de l’upcycling dans l’industrie de la mode, créateurs et labels repensent notre vestiaire en transformant l’existant en pièces singulières, contemporaines et éthiques.
Aujourd’hui, une nouvelle génération de labels, pour qui l’éthique va de pair avec le style, perpétue cet esprit. Dans cet article, nous évoquerons l’upcycling au masculin, pour que les hommes puissent, eux aussi, s’habiller de manière responsable. Découvrez 6 marques européennes à ne pas manquer !
Ces marques ont été sélectionnées librement par notre rédaction et sans classement précis.
1. Deadwood (Suède)
On ouvre cette sélection avec la marque suédoise Deadwood aux designs « punk minimaliste », affirmés, qui conjugue parfaitement désirabilité et écoresponsabilité. Fondée en 2012 à Stockholm par Carl Ollson et Felix von Bahder, Deadwood est née d’une passion commune pour le vintage et d’un désir de bousculer les pratiques classiques de la mode. Ce qui a commencé comme une boutique éclectique, mêlant pièces anciennes et jeunes marques, s’est peu à peu transformé en label à part entière autour d’une mission claire : créer des objets esthétiques à partir de l’existant.
Dans un secteur où 30 à 40 pour cent du cuir est jeté après les traitements ou la découpe, Deadwood choisit d’y voir une ressource plutôt qu’un rebut. Au-delà de sa grande valeur esthétique, cette matière est extrêmement durable dans le temps.
Ce qui est jugé inutilisable devient une matière première de valeur, transformée et réinventée au fil des collections. Fidèle à une démarche d’amélioration continue, la marque privilégie une évolution lente et réfléchie, en opposition à la course effrénée au renouveau qui domine la mode d’aujourd’hui.
2. MOOT (Allemagne)
Née à Berlin en 2019 de l’amitié entre Nils, styliste de formation, et Michael, diplômé en commerce, MOOT, acronyme de « Made Out Of Trash »,
Le déclic ? Une visite à la Berliner Stadtmission, où Nils découvre l’ampleur des dons textiles non valorisés, l’idée de redonner vie à ces vêtements abandonnés née alors. Tandis que Nils expérimente à la machine à coudre, Michael peaufine le modèle économique. Résultat : une marque qui transforme des textiles de seconde main en vêtements et accessoires au design épuré, avec une volonté d’allier accessibilité, esthétique et engagement. MOOT est là pour prouver qu’une autre mode est possible, qu’il existe déjà toutes les ressources nécessaire pour créer et porter, quelque chose de plus humain, plus écologique, et dans l’air du temps.
3. Blue of a kind (Italie)
Chez Blue of a Kind, l’âme de chaque pièce réside dans ses marques du temps : les zones d’usure, les décolorations, les petites réparations, toutes considérées non comme des défauts, mais comme des éléments de narration. La marque revendique une affiliation explicite au wabi-sabi (lien vers l’article sur le minimalisme ?), cette philosophie japonaise qui valorise le minimalisme, l’imperfection et l’usure comme formes de beauté.
« The world doesn’t need another fashion company », telle est la déclaration d’intention qui ouvre le manifeste de Blue of a Kind, un souhait de rupture avec les logiques classiques de la mode industrielle. Ici, il ne s’agit pas de créer du neuf, mais de reconstruire le présent à partir du passé.
À l’intersection du tailoring italien, de la mode urbaine contemporaine et du vêtement de seconde main, la marque milanaise développe un luxe décontracté, un chic « effortless », fait de pièces uniques fabriquées à la main à partir de vêtements vintages et de surplus textiles soigneusement sélectionnés à travers l’Europe. Toutes les pièces sont entièrement revalorisées et numérotées, ce qui rend chaque modèle complétement unique.
4. Engagés, Engagées (France)
Basée à Aix-en-Provence, la marque Engagés Engagées incarne une slow fashion à l’image du Sud-Est : ensoleillée, chaleureuse et douce.
Depuis sa création en mai 2022, elle célèbre l’art de transformer l’ordinaire en essentiel : draps oubliés, serviettes éponge ou chemises vintage deviennent des pièces durables, qui traverseront, sans doute, les générations. Chaque tissu est chiné à la main dans un centre de tri à Marseille, lavé, séché, puis sublimé dans un atelier à taille humaine. Les collections, produites en pièces uniques ou en séries limitées, misent sur des matières naturelles et des couleurs intemporelles. Ici, pas de « greenwashing » ni de discours grandiloquents : tout est transparent, de la précommande responsable à la confection locale.

Photo : Engagés, Engagées / Instagram.
5. Better World Fashion (Danemark)
Changer le monde une veste à la fois : c’est le pari de Better World Fashion, marque danoise pionnière de la circularité. Ici, 98 % des matériaux utilisés sont upcyclés pour donner naissance à des vestes, sacs et accessoires au design contemporain et à la qualité irréprochable. À la clé : une mode haut de gamme, sans extraction de ressources neuves, mieux encore, Better World Fashion propose un système de location ainsi qu’un programme de rachat à vie : vous retournez votre pièce usée, vous recevez 50 % de réduction sur la suivante, qui, bien sûr, sera fabriquée à partir de votre ancien modèle.
Chaque pièce est confectionnée dans un atelier familial en Pologne, choisi pour ses valeurs et son savoir-faire, une proximité géographique qui garantit un circuit court.
Aucun gaspillage, pas d’eau utilisée, zéro produit chimique, depuis leur lancement, les clients de la marque ont permis d’éviter plus de 8 tonnes de CO₂, 170 000 litres d’eau et 3 tonnes de déchets. Une boucle vertueuse, à tous les niveaux.
6. 1/OFF (Pays Bas)
Créée à Amsterdam en 2019 sous l’impulsion de Renée van Wijngaarden, 1/OFF s’inscrit dans une vision circulaire de la mode masculine, en réinventant des pièces vintage de grandes maisons, soigneusement sélectionnées : Chanel, Burberry ou Ralph Lauren. À contre-courant d’un système fondé sur l’obsolescence, la marque redonne vie à ces vêtements en les déconstruisant pour mieux les transformer, avec l’exigence d’un savoir-faire proche de la couture.
Un blazer en rencontre un autre pour donner naissance à une silhouette hybride, le denim est détourné, sculpté, déconstruit. En allongeant le cycle de vie de vêtements d’exception, 1/OFF s’ancre dans un processus vivant, qui rend hommage à la mémoire du vêtement. Véritable acteur de la mode circulaire, la marque incarne une alternative créative à la surproduction, chez 1/OFF rien ne se perd, tout se transforme et toujours avec une bonne dose d’audace.
Rédaction : Louise Lillo
Photo : Pixabay
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