Oui, nos vêtements ont un lien avec l’agriculture ! La dégradation accélérée des sols et le réchauffement climatique ont été causés par un effet anthropique sans précédent. Il ne tient qu’à nous de réduire la dégradation des sols et des écosystèmes. Par exemple, en choisissant de consommer des aliments produits de manière responsable et régénératrice. L’industrie de la mode, qui génère dix pour cent des gaz à effet de serre mondiaux, ayant des impacts négatifs sur l’environnement, s’efforce notamment de mettre en œuvre une mode régénératrice. De quoi s’agit-il ?
La mode régénératrice est liée à l’économie circulaire
L’agriculture « régénérative » ou « régénératrice », centrée sur la qualité de la terre, consiste à travailler avec la nature en donnant la priorité aux sols, à la biodiversité et à la restauration holistique des écosystèmes. De ce fait, différentes cultures sont plantées de manière stratégique afin d’aider les autres à se développer sans aucune utilisation de pesticides ni d’engrais synthétiques.
Ainsi, l’agriculture régénératrice peut contribuer à lutter contre la dégradation des sols et à fournir des emplois et des économies durables aux communautés agricoles. Dans la mode, du point de vue de la “régénération”, cela nous amène aux matériaux dont sont faits nos vêtements. Plus précisément, il s’agit des fibres textiles naturelles et de leurs procédés de culture comme le coton ou le lin.
Aujourd’hui, la production de coton correspond à 25 pour cent des fibres textiles cultivées dans le monde, c’est la deuxième fibre la plus utilisée après le polyester (51 pour cent), fibre synthétique dérivée du pétrole. Pour atténuer la crise climatique, la mode cherche à intégrer l’agriculture régénératrice dans la chaîne de production des vêtements pour en faire une mode dite régénératrice. Les agriculteurs cultivent, par exemple, du coton sur une base saisonnière, dans des parcelles en rotation, en évitant la monoculture et en permettant aux cultures de couverture de pousser. Dans l’agriculture régénératrice, les mauvaises herbes qui poussent à côté de la culture concernée – et qui seraient extraites dans l’agriculture industrielle traditionnelle- sont un support nutritif pour le sol et le maintiennent en bonne santé.
Exiger aux marques de mode des informations claires
En 2021, un rapport du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat ) mentionnait « qu’une réduction substantielle et durable des émissions de dioxyde de carbone (CO2) et d’autres gaz à effet de serre permettrait de limiter les changements climatiques ». En effet, depuis la révolution industrielle, des quantités extrêmes de carbone ont été libérées et le cycle naturel de la terre n’est plus équilibré. De ce fait, l’agriculture régénérative aiderait à lutter contre le changement climatique, car la terre de bonne qualité absorbe beaucoup plus de carbone.
En tant que consommateurs avisés, nous devons exiger que les marques de mode assument la responsabilité de leurs collections et que le terme mode durable ne soit pas utilisé à tort et à travers, tout comme le terme mode régénérative, de plus en plus tendance et qui attire les friands du greenwashing… Pour ce faire, nous avons besoin de politiques et de réglementations de travail conformes aux normes de l’industrie.
En pratique, lorsque les marques de mode affirment utiliser des fibres naturelles, il est nécessaire d’examiner leurs processus : comment les fibres ont-elles été produites? Quelles sont les informations disponibles pour faire un achat en toute conscience? Les marques tracent-elles leur chaîne d’approvisionnement pour savoir d’où vient leur coton?
La blockchain, l’outil de la transparence
L’une des solutions aux entreprises pour s’assurer de l’origine des matières premières contenues dans leurs produits est la blockchain. Cette technologie de stockage décentralisée d’informations est un moyen fiable de tracer la chaîne d’approvisionnement et de donner une réponse claire aux attentes des consommateurs.
In fine, la mode régénératrice permet d’atténuer les effets négatifs sur l’environnement de la culture des matières premières de nos vêtements, mais elle n’est pas la seule solution à la crise climatique et à l’impact de l’industrie. Le groupe Kering et des marques comme The North Face, Patagonia, Qwstion ou Harvey & Mills ont commencé à se frayer un chemin sur ce segment.
Sources : Cotton a case of study of misinformation, The environmental price of fast fashion, What Is Regenerative Agriculture? A Review of Scholar and Practitioner Definitions Based on Processes and Outcomes, The New York Times, Crystalchain.
Photos : Pexels et Inuikii
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