Skip to main content

Baptiste Lingoungou a fondé l’association La Mode Européenne qui crée des boutiques solidaires en Afrique. Amoureux de la sape depuis l’enfance, il a toujours su que sa destinée serait de travailler dans le secteur de l’habillement. Il y a trois ans, la vie l’a amené à réaliser un projet d’envergure à la fois social et environnemental pour une mode plus responsable.

Quel a été votre parcours et comment avez-vous créé La Mode Européenne ?

Après l’obtention de mon Master en école de commerce, j’ai pris la décision d’entreprendre directement et me laisser porter par mes rêves en créant un concept de boutiques éphémères itinérantes à Paris qui mettaient en avant des jeunes créateurs français.

Par la suite, j’ai ouvert une agence de communication permettant à ces mêmes créateurs de travailler sur leur image de marque. J’organisais aussi des événements sur-mesure répondant à des objectifs précis.

Après avoir travaillé dans l’univers de la mode pendant quatre ans, cela m’a paru évident, en 2019, de créer une association mêlant mode et solidarité avec une action principale dans mon pays d’origine : le Congo.

J’ai fait le choix de créer une association car ma réflexion s’est basée sur la question suivante : « Comment, avec mon expérience, puis-je venir en aide aux habitants des quartiers populaires au Congo tout en offrant des opportunités de travail ?

Après avoir réfléchi longuement sur le sujet, je me suis dit que la solution serait de collecter des produits auprès des particuliers et des marques afin de créer une économie circulaire qui fonctionne grâce aux dons matériels.

Notre projet vient comme une solution pour les marques qui souhaitent valoriser leurs stocks dormants conformément à la loi AGEC (loi anti gaspillage pour une économie circulaire) qui leur interdit de détruire les produits. Mais aussi, nous permettons à chaque personne de contribuer à une mode responsable en donnant une seconde vie à leurs vêtements qu’ils ne mettent plus.

Boutique Congo La Mode Europeenne solidarite - Baptiste Lingoungou : “J’ai créé une économie circulaire et solidaire” - Pearls Magazine
Boutique au Congo.

Vous avez ouvert une boutique au Congo : comment fonctionne le concept par dons ? 

La boutique au Congo fonctionne grâce aux dons des particuliers et des marques partenaires.

Concernant les dons de particuliers, nous faisons un appel aux dons très régulièrement sur nos différents réseaux. Une fois que les dons sont récupérés, ils sont ensuite triés. Les articles les plus tendances et de meilleure qualité sont envoyés dans nos boutiques solidaires en Afrique. Les autres sont donnés à notre recyclerie partenaire. Une fois arrivés en Afrique, les articles sont vendus à des prix dérisoires afin de permettre à la boutique de s’auto financer et de couvrir toutes les charges.

« En ce qui concerne les marques partenaires, elles nous envoient pour la plupart des produits neufs ou des prototypes voire des produits portés une fois pour un shooting. Un tri est fait en amont en France pour n’envoyer uniquement que des articles en très bon état. »

Baptiste Lingoungou, fondateur de La Mode Européenne

Interieur boutique Congo La Mode Europeenne - Baptiste Lingoungou : “J’ai créé une économie circulaire et solidaire” - Pearls Magazine
Intérieur de la boutique congolaise.

Quelles marques européennes vous ont déjà fait des dons ?

Schott, Panafrica, MEEKO, Showroom Kiss & Fly, Ba&Sh, Groupe ETAM, Noyoco

Quelles sont les conditions pour vous faire des dons ?

Il faut veiller à ce que les produits ne soient pas abimés, humides, troués, trop portés ou tachés. En effet, nous récupérons des vêtements, des sacs, des chaussures et accessoires de mode en très bon état.

Quel volume moyen de marchandises les marques vous cèdent-elles? 

Chaque marque donne le volume qu’elle peut donner. Les dons peuvent aller d’un ou deux cartons à 30 cartons. Sachant que dans un carton, on peut compter environ 80 pièces pour des vêtements et 25 paires pour les chaussures.

À quels prix sont proposées les pièces au Congo? 

Les prix proposés des pièces vendues au Congo vont de 500 Francs CFA (environ 75 centimes d’euros) à 20 000 Francs CFA (environ 30 euros).

Où vont les invendus?

Les stocks de marchandises invendus vont être donnés dans les villages isolés autour des villes où nous sommes implantés ou à des orphelinats.

L’an dernier vous avez ouvert une boutique au Cap Vert. Que faites-vous des invendus ?

La Mode Européenne au Cap-Vert à été ouverte le 11 décembre 2021 sur l’île de Sal.

Louise Jambon m’a rejoint dans l’aventure fin 2019 et m’a proposée d’ouvrir une deuxième boutique solidaire au Cap-Vert. 

L’île de Sal vit au rythme des touristes. On remarque une inflation au niveau des prix qui s’adapte au pouvoir d’achat des visiteurs et des investisseurs et non aux locaux. Tout est pensé pour les touristes. Le seul endroit où les locaux peuvent s’habiller dans leur budget est le marché mais la qualité et le choix en termes de style laisse à désirer.

C’est face à cette réalité que Louise a voulu ouvrir un magasin conçu et pensé pour les cap-verdien.ne.s. Un lieu proposant des articles de qualités avec des prix qui s’alignent à la réalité du pays.

Aujourd’hui la boutique compte une employée permanente : Nadine, responsable du magasin. Nous avons également un vendeur à mi-temps pour le weekend, Aziz, puis Sidi, le couturier, qui répare les vêtements, et Dilma qui les lave.

Dans la boutique on y retrouve, comme au Congo, des vêtements et accessoires pour bébés, enfants, femmes et hommes à des prix très bas. Il y a également des protections hygiéniques en libre-service gratuites pour les femmes.

Un système de cycle du vêtement a été mis en place : comme pour le Congo, les vêtements envoyés au Cap-Vert sont triés avec grand soin pour n’envoyer que des pièces en excellent état et jugé utile dans le pays. Le vêtement est mis en vente dans la boutique, s’il n’est pas vendu au bout de 2 mois, il sera bradé dans une malle “ tout à 100 escudos” (moins d’un euro). Si l’article n’est pas vendu au bout d’un mois même bradé, il sera donné à des associations locales selon les besoins. Des évènements caritatifs sont également organisés à la boutique pour redonner ces invendus.

Quels sont vos projets pour 2023 ?

Nous prévoyons de développer notre portefeuille de marques pour avoir de plus en plus de produits neufs. Nous sommes en train de préparer une exposition avec une mannequin photographe engagée, Christelle Yambayisa, autour du thème de la binationalité. Au cours de cet événement, il y a aura une reproduction partielle des boutiques solidaires en Afrique ainsi que des looks créés à partir des dons reprenant l’univers de Christelle. Nous pourrons expliquer toute la démarche du projet aux visiteurs.

Courant septembre 2023, nous allons organiser notre troisième festival solidaire dans un camp de migrant à Aubervilliers pour les habitants du camp. Une journée au rythme de la bonne humeur et du partage.

Et pour la fin d’année, nous prévoyons l’ouverture de la troisième boutique dans un autre pays d’Afrique que l’on vous dévoilera dès que possible.

Crédit photos : La Mode Européenne

https://modeeuropeenne.org

Retrouvez l’actualité de la mode éthique dans notre magazine

Aller au contenu principal