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David Cabra : “J’ai une vision holistique du design”

David Cabra est passionné de biomatériaux. Après s’être formé au design de mode en Europe, il est retrourné en Colombie, sa terre natale, pour monter son studio et effectuer des recherches pour différentes marques européennes et d’Amérique Latine. Sa vision holistique du design lui permet de développer de nouveaux récits et de trouver des alternatives révolutionnaires et durables pour la mode.

David Cabra

“Je n’aime pas me cantonner à un seul domaine, mais je dirais que je m’intéresse aux nouveaux avenirs en explorant la matérialité, la couleur et la durabilité.”

David Cabra

Quand avez-vous commencé à vous intéresser à la mode durable ?

Après le lycée, j’ai commencé à m’intéresser à la création parce que je ne trouvais jamais de vêtements masculins intéressants à Bogota, c’est là que j’ai eu ma première expérience de la mode en créant ma propre tenue pour le bal de fin d’année. À partir de là, j’ai commencé à chercher où étudier le stylisme, mais je me souviens qu’à l’époque, il n’y avait pas beaucoup d’options en Colombie. 

C’est ainsi que j’ai décidé de me rendre à Barcelone pour étudier à l’école Felicidad Duce (aujourd’hui Lasalle College Barcelona). Je pense que c’est la meilleure décision que j’ai pu prendre car, en Europe, ma vision créative s’est développée de manière exponentielle et j’ai eu la chance d’avoir de très bons mentors. Depuis le début, j’ai toujours pensé que la mode masculine avait encore beaucoup à explorer, notamment en termes de couleurs, de silhouettes et de matériaux, et c’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à expérimenter de nouveaux langages dans le domaine de la mode masculine.

Je pense que c’est là que j’ai eu mon premier contact avec la mode durable en développant un projet en collaboration avec la marque Demano Barcelona. J’ai conçu un manteau et un sac à dos fabriqués à partir de matériaux recyclés tels que des bannières publicitaires en PVC et des cerfs-volants de kite surf. 

Je pense que depuis cette collaboration, ma mentalité sur la durabilité et les nouveaux matériaux ont radicalement changé.

Quelle est votre vision des nouveaux matériaux ?

Je crois que l’avenir ne peut se concevoir sans de nouveaux matériaux durables et, de préférence, bio dans leur éthique. Lorsque je parle de développement de matériaux, j’adopte une approche fondée sur la conception. Je précise cela parce qu’historiquement, lorsque l’on parlait d’innovation de matériaux, c’était toujours à partir de l’ingénierie, mais aujourd’hui, de plus en plus, d’autres domaines créatifs tels que le design et l’art apportent une vision “hors des sentiers battus” qui est plus que nécessaire. Il est clair que les connaissances techniques de l’ingénierie et de la science sont fondamentales pour la création de matériaux, mais leur histoire est également devenue très importante dès le début de leur conception. 

Ce récit de nouveaux avenirs en matière de couleurs et de matériaux est l’aspect le plus fort de mon travail de designer et c’est pourquoi je me suis concentrée sur les biomatériaux et le recyclage. Je crois fermement que les bioplastiques de troisième génération à base de plantes, d’algues et de déchets cellulosiques ont un énorme potentiel qui reste encore à découvrir.

Parlez-nous de votre projet Netskin…

Nextskin aborde un certain nombre de concepts liés aux nouvelles matérialités dans l’industrie du design à travers la recherche de bioplastiques et de pigments naturels en utilisant les restes des fabricants de textiles et de vêtements. 

Le projet Nextskin repose sur deux concepts : le premier consiste à utiliser les déchets de production et les matériaux en stock non vendus dans l’industrie. Les composites fabriqués à partir de ces matériaux mis au rebut peuvent être produits en utilisant la formule bioplastique que j’ai développée en encapsulant ces déchets, ce qui permet de créer de nouveaux matériaux dont les propriétés facilitent leur biodégradation et améliorent leur cycle d’utilisation, créant ainsi un nouvel équilibre environnemental. 

D’ailleurs, pendant mes études j’avais obtenu une bourse pour suivre un Master en Design à travers les nouveaux matériaux à l’école Elisava (Barcelone). J’ai eu l’opportunité inestimable d’expérimenter pour la première fois le design d’une manière plus holistique, réelle, non romantisée et d’être conscient d’essayer de résoudre des problèmes de design à travers de nouveaux langages de matériaux.

Qu’est-ce que les biocarburants de troisième génération et comment sont-ils fabriqués ?

Les bioplastiques ou biocarburants de troisième génération sont fabriqués à partir de ressources renouvelables qui n’entrent pas en concurrence avec la production alimentaire, telles que les algues, les déchets agricoles et les déchets solides organiques. Ils sont souvent biodégradables et compostables, ce qui signifie que les micro-organismes peuvent les décomposer en matériaux inoffensifs. 

Il existe plusieurs façons de fabriquer des bioplastiques de troisième génération. Une méthode courante consiste à utiliser un processus naturel, appelé fermentation, qui convertit les sucres en alcool ou en d’autres composés organiques. Une autre méthode courante de fabrication de ces bioplastiques consiste à utiliser un processus appelé polymérisation, qui permet de combiner des monomères, qui sont des molécules simples, en polymères.

Dans le cas particulier du Carbo, qui est un bioplastique à base d’algues, le processus de fabrication est à peu près le suivant : la première étape consiste à dissoudre l’alginate d’algues dans l’eau, puis des additifs supplémentaires peuvent être ajoutés en fonction des propriétés souhaitées du bioplastique. Ces additifs peuvent comprendre des plastifiants, des agents de renforcement ou de coloration, entre autres. Une fois la solution prête, le bioplastique peut être mis en forme à l’aide de techniques telles que le coulage dans des moules ou l’extrusion. Une fois que le bioplastique a acquis la forme souhaitée, il est mis à sécher. Pendant le séchage, le bioplastique durcit et devient mécaniquement plus résistant.

Avez-vous développé d’autres projets pour la mode ?

Tout au long de ma carrière, j’ai développé différents projets sous mon propre nom et en collaboration avec des marques telles que Away to  Mars et Demano Barcelona. Mais la collection dont je suis le plus fier jusqu’à présent est peut-être ma collection finale pour le Master of Design in Menswear Design du London College of Fashion, intitulée “Functional Hybridization“.

Cette collection est basée sur le fait que l’homme des villes est confronté à des situations d’utilisation particulières dans sa garde-robe quotidienne, c’est-à-dire qu’il est nécessaire que la mode soit utilitaire, mais en même temps sophistiquée. C’est pourquoi la collection est basée sur des tissus qui protègent de l’eau et de la pollution, dans une relation symbiotique avec l’utilisation d’accessoires tels que les sacs à dos. La couleur est également très importante, car elle propose des textures et des nuances alternatives inspirées par le travail de l’artiste suédois Michael Johansson. 

Cette collection a remporté des prix internationaux lors de concours tels que Mittelmoda en Italie et le “Lapiz de Acero” en Colombie en tant que meilleur projet de mode.

Avez-vous des collaborations avec des marques de mode en ce moment ? 

Pour le moment, je n’ai pas de propositions de collaboration avec d’autres marques, car je travaille au développement de mon nouveau studio de design spécialisé dans les nouveaux biomatériaux et la mode, appelé offm. En principe, je me concentre sur la présentation de biomatériaux tels que Carbo et Mader dans un contexte autre que la mode, comme l’art et le design en Amérique latine.

Si je pouvais choisir des marques avec lesquelles j’aimerais collaborer, l’une d’entre elles serait sans aucun doute Craig Green, qui est pour moi le créateur de vêtements pour hommes le plus important de ma génération. Une autre marque est Nike ISPA, qui est basée sur une philosophie de conception qui utilise Nike pour créer des chaussures et des vêtements innovants qui répondent aux besoins des citadins modernes. Les produits ISPA sont souvent fabriqués à partir de matériaux durables et présentent des designs uniques qui sont à la fois fonctionnels et élégants.

Enfin, je rêve qu’un jour Isaac Reina fasse un sac avec mes bioskins.

Quels sont vos projets ?

Mon principal projet en ce moment est de développer de nouvelles idées pour la biomatérialité et de nouveaux futurs avec mon studio offm. 

Par ailleurs, j’ai récemment remporté le prix du meilleur projet dans la catégorie “Corps” des prix “Design Responds” parrainés par Index Project +UDD, ce qui m’a donné l’occasion de participer à un discours final avec les quatre autres meilleurs projets de cette année en Amérique latine et de me rendre au Danemark pour la remise des prix d’Index Project. 

Je suis actuellement en train de poser ma candidature à des expositions de design et d’art pour promouvoir mon projet Carbo.

Direction Artistique & Design : @davidcabra

Photo & Vidéo : @meghanmathews_

Son : @thelistenfact

Mannequin : @by_shiori_

Développement Couture : @elolazagareta

Aller sur le site de David Cabra

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