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Deyi Living est un studio de design éthique basé sur la sagesse ancestrale chinoise. Il préserve l’artisanat traditionnel indigène et le patrimoine textile à travers le design contemporain, l’art et des expériences holistiques. Fondé par Adriana Cagigas, Pauline Ferrières et Zhang Xing, Deyi Living collabore étroitement avec des artisanes de la province de Guizhou, en Chine, où des techniques textiles millénaires telles que la teinture indigo, le batik et le plissage des tissus sont menacées de disparition. Nous avons interviewé Adriana Cagigas, designer, chercheuse textile et co-fondatrice de Deyi Living, pour en savoir plus sur sa vision du design comme un pont entre les cultures, son engagement envers la préservation du patrimoine textile et les défis et apprentissages liés au travail à l’intersection de l’art, de la mode et de la durabilité.

 

- Redécouvrir les traditions : l'héritage de Deyi Living - Pearls Magazine

Quelles circonstances vous ont conduit à créer Deyi Living, et comment s’est déroulé le processus initial de réalisation du projet ?

 

Une rencontre fortuite via les réseaux sociaux. Bien que je ne sois pas très active sur ces plateformes, le fait de partager votre travail et votre vision peut amener n’importe qui, n’importe où dans le monde, à vous contacter pour participer et développer des projets collaboratifs. Ce fut le cas avec Zhang Xing et Pauline, mes partenaires et compagnons d’aventure dans ce projet. Un contact fortuit sur un réseau social et une rencontre physique qui ont confirmé que nous partagions des valeurs et des objectifs de vie professionnels et personnels : créer des dynamiques, des espaces, des rencontres à travers le design, qui puissent générer un changement dans la société.

Deyi Living collabore avec des femmes artisanes indigènes pour favoriser leur développement social et économique. Comment décririez-vous l’impact que ce projet a eu sur leurs vies et leurs communautés ?

 

L’impact n’a pas seulement été économique ; je pense que ce qui a été le plus bénéfique, non seulement pour elles, mais aussi pour nous, a été l’apprentissage et la croissance mutuels. Dans un projet de cette nature, c’est sans aucun doute ce qui est le plus précieux : ces éléments intangibles que certaines personnes apportent aux autres et comment la croissance et le développement humain s’étendent jour après jour. Après quatre ans de travail, aucun d’entre nous n’est la même personne ; nous avons grandi et évolué grâce à notre collaboration continue. Nous sommes une famille plus qu’un groupe de travail.

2 - Redécouvrir les traditions : l'héritage de Deyi Living - Pearls Magazine

Travailler avec des communautés indigènes et des traditions culturelles si riches doit être enrichissant, mais aussi stimulant. Comment gérez-vous les différences culturelles et parvenez-vous à une collaboration réussie ?

 

Pour ma part, étant une personne très orientée vers les objectifs, cela a parfois été complexe, car la temporalité, l’exigence et la vision de la culture chinoise sont très différentes. Il m’a parfois été difficile d’accepter leurs rythmes, mais c’est cette difficulté qui favorise le plus mon apprentissage, m’aidant à évoluer. Comprendre la cosmovision d’autres groupes est un cadeau que je vis dans cette vie, et grâce à cela, je peux définir les domaines de ma personne qui présentent des axes d’amélioration.

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Quel message aimeriez-vous que les gens retiennent en découvrant le travail de Deyi Living et son impact sur les communautés indigènes ?

 

J’aimerais que quiconque arrive à moi ou au projet puisse absorber notre courage, notre passion pour vouloir générer des dynamiques plus cohérentes avec les groupes, avec l’environnement… Qu’ils voient que, aussi difficile que cela puisse paraître, le monde est plus simple et nutritif lorsque des liens et des communications sont établis entre les différents acteurs impliqués dans tout processus. Et surtout que, dans l’industrie textile, nous pouvons encore générer de nouveaux modèles de gestion, de production et de consommation, qui ne doivent pas être basés sur le gaspillage, mais bien au contraire.

« Le textile, en tant que langage primitif de la communauté humaine, a le pouvoir de créer des ponts, d’établir des relations significatives et des projets d’impact social. »

 

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Comment percevez-vous l’évolution du design durable et le rôle que joueront des projets comme Deyi Living dans les années à venir ?

 

J’ai toujours voulu développer Deyi d’une perspective plus expérientielle et pédagogique. Je pense que c’est notre objectif à court et moyen terme. Nous voulons nous concentrer sur la génération de bénéfices de manière équilibrée dans tous les domaines du développement durable, mais en mettant l’accent sur la génération de connaissances et de compétences plutôt que sur le simple échange de biens matériels. L’objectif est de trouver l’équilibre entre tout l’écosystème textile matériel et l’espace immatériel qui permet à tout cela d’exister.

Outre cette vision d’avenir, nous développons depuis l’été dernier des expériences d’apprentissage immersives, aussi bien avec des étudiants des disciplines du design et de l’art, qu’avec des professionnels et des créatifs qui souhaitent intégrer de nouvelles connaissances techniques liées aux textiles. L’objectif est de créer des liens et des interconnexions entre les différentes ethnies, cultures, disciplines et générations, et de promouvoir des projets de conception et des produits qui sont beaucoup plus cohérents avec les besoins mondiaux et qui génèrent un impact social positif. Apprendre de la Terre pour régénérer les écosystèmes sociaux urbains qui ne fonctionnent pas correctement, c’est notre travail actuel avec une projection future.

Texte : Adriana Cagigas / Sofía Yang Mao

Traduit de l’espagnol par : Anne-Sophie Castro

Photos : Adriana Cagigas

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