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Rosalie Mann (No More Plastic) : “Le plastique est un poison”

Rosalie Mann est au cœur d’un profond changement de paradigme. Elle a créé No More Plastic Foundation, une association à but non lucratif – qui alerte sur les enjeux de la pollution plastique dans le monde – suite à une prise de conscience soudaine concernant la pollution de l’air par les microplastiques. Dans cette interview exclusive, elle explique son parcours et ses actions engagées pour « déplastifier la planète », littéralement empoisonnée par ce matériau. L’objectif étant, simplement mais ô combien vertueux, de rendre à la nature ses lettres de noblesse et de faire perdurer la vie sur Terre.

Rosalie Mann, Fondatrice de No More Plastic. Photo : Emma June Roze.

Quand avez-vous créé No More Plastic Foundation et qu’elle a été votre prise de conscience sur l’environnement et les Hommes ?

No More Plastic Foundation a été créé le 8 juin 2018 à l’occasion du World Ocean Day. J’adorerais vous dire que ma prise de conscience a eu lieu suite à une réflexion profonde et qu’elle est en connexion avec la nature, malheureusement elle est venue très tardivement, et de façon assez brutale. Longtemps, j’ai vécu dans le tourbillon de la vie active prise entre mes obligations professionnelles et personnelles, très éloignée des préoccupations environnementales, jusqu’à ce que ces dernières surgissent brutalement dans nos vies en raison des soucis de santé de notre fils. 

Depuis sa naissance, il souffrait d’asthme chronique, mais, au fil des années, ses difficultés respiratoires se sont intensifiées. Un soir, aux urgences, face à ma détresse, un médecin sans doute désireux de me réconforter m’a dit : « C’est normal, c’est la pollution. » Ces deux mots dans la même phrase m’ont fait l’effet d’un électrochoc.

Comment étions-nous arrivés au point où la pollution soit perçue comme un état normal, qu’il nous fallait tolérer ou vivre avec ? C’est à ce moment que j’ai décidé d’agir. Je ne supportais plus le fait de voir des enfants souffrir ou vivre avec une maladie que nous aurions pu éviter si nous n’étions pas dans l’inaction ou dans le déni.

En m’adressant à des experts et des scientifiques, j’ai pris pleinement conscience des effets nocifs des microplastiques sur la santé et l’environnement, et d’une de leurs manifestations les plus pernicieuses : la pollution de l’air.

Quelle est votre mission et quelles actions avez-vous mis en place ?

Notre mission, c’est d’agir pour prévenir la pollution plastique et microplastique, devenue un enjeu de santé publique en sensibilisant le public et les politiques sur les effets de la surconsommation et la surproduction du plastique. Nous travaillons à mettre en place des mesures pour venir à bout du fléau de la pollution plastique et en promouvant des solutions alternatives durables.

En cinq ans, nous avons participé à faire connaître les effets délétères du microplastique sur la santé et nous continuons à sensibiliser sur le sujet notamment en mettant l’accent sur deux points importants : les femmes sont plus vulnérables face à la pollution plastique et le recyclage du plastique n’est pas la solution, il participe au problème.

Selon vous, pourquoi est-il si important de préserver la nature ?

Il n’y a sans doute rien de plus beau et essentiel que ce que la nature nous offre. Rien ne peut égaler la beauté, la générosité et l’intelligence de la nature. Elle nous offre la vie avec des éléments essentiels tels que l’eau et l’air. C’est pourquoi l’écologie ne devrait pas être un parti politique. L’écologie devrait transcender les clivages politiques pour devenir une cause nationale. 

La pollution plastique apporte quotidiennement son lot de menaces invisibles à la nature et cela devrait tous nous préoccuper. Si nous ne prenons pas des mesures audacieuses dès maintenant nous nous dirigeons vers un avenir aseptisé où nous serons contraints de trouver des moyens de reproduire en laboratoire l’eau et l’air que la nature nous offre aujourd’hui si généreusement. Nous avons une grande responsabilité en tant que citoyen de demander à nos gouvernements d’être à la hauteur. 

Prenons l’exemple de la mer Méditerranée. Chaque année, c’est près de 229 000 tonnes de déchets plastiques qui sont déversées dans la mer Méditerranée – ce qui équivaut à plus 500 conteneurs d’expédition par jour.

La cause ? On a introduit le plastique dans toutes les industries, jusque dans la bouche de nos enfants, et dans notre quotidien le plus intime. Nous commençons seulement à connaître le prix de ce désastre écologique sur le tourisme, sur l’environnement, sur l’océan, et sur notre santé.

Avec ses décors idylliques, la mer Méditerranée est l’une des mers les plus fréquentée, ce qui fait d’elle aussi celle qui concentre aujourd’hui plus de 250 milliards de particules microplastiques, quasiment invisibles à l’œil nu. 

Elle est comme son nom l’indique « au milieu des terres » et du coup sa position est devenue un facteur aggravant de la concentration de la pollution plastique. Elle détient des concentrations quatre fois plus élevées de microplastiques au kilomètre carré que le septième continent. Ce constat alarmant devrait susciter l’indignation et nous inciter à agir concrètement pour la préserver. 

La mer Méditerranée est l’un de nos plus beaux patrimoines, c’est comme un héritage que nous laissons à l’humanité revêtant un intérêt universel. L’une des mesures concrètes que nous pourrions mettre en place est de cesser avec cette idée de recyclage du plastique, qui aggrave une situation déjà catastrophique.

L’une des approches cruciales pour lutter contre la pollution plastique dans les écosystèmes marins serait la mobilisation des citoyens à demander à l’État une amélioration des systèmes de collecte des déchets en mer en vue non pas de leur recyclage mais de leur éradication. Il existe aujourd’hui des enzymes capables de dégrader ces déchets, cette solution devrait être mise en place à grande échelle dans les centres de recyclage. 

Nous devons cesser avec l’idée que le recyclage nous permettra de venir à bout de cette pollution. Plus nous tardons à abandonner cette idée préconçue du recyclage du plastique, plus nous aggravons la situation. Il est temps d’explorer de nouvelles pistes et méthodes pour éliminer de manière efficace les déchets plastiques, tout en réduisant la production à la source. Il ne faut jamais oublier que le plastique est un matériau toxique tout au long de son cycle de vie.

Rosalie Mann au Womens Forum Global Meeting 2022.

Que sont les microplastiques ?

Ce sont des minuscules morceaux de plastique dont la taille est inférieure à 5 mm, qui sont produits par la dégradation du plastique soit l’usure de produits aussi divers que les vêtements synthétiques, les sneakers, les pneus soit par la dégradation de déchets plastique dans l’environnement, notamment dans l’océan. Les nanoplastiques sont des nanoparticules de plastique plus petites que cent nanomètres ou un micromètre, invisibles à l’œil nu, capable de pénétrer la peau et les organes humains. 

Leur présence dans l’environnement, y compris dans l’eau et l’air, soulève des inquiétudes quant à leur impact sur la santé humaine, bien que la recherche sur ce sujet soit encore en cours pour mieux comprendre les conséquences potentielles de cette exposition aux nanoplastiques.

Ces micro et nano-plastiques, en raison de leur petite taille, ont la capacité à contaminer l’ensemble de la chaîne alimentaire. Ils agissent comme des « éponges toxiques », absorbant tous les produits chimiques toxiques supplémentaires présents dans l’environnement à mesure qu’ils se dégradent. C’est la raison pour laquelle recycler un plastique revient à recycler du poison.

Chaque être humain avalerait environ 2.000 micro-pièces et particules de plastique chaque semaine, soit l’équivalent du poids d’une carte de crédit. Les impacts à long terme de ces microplastiques sur la santé humaine sont en cours d’études mais de nombreuses études ont d’ores et déjà révélés que les microplastiques contiennent des stabilisants ou des agents chimiques, perturbateurs endocriniens, et qu’ils sont comme « des éponges à polluants »,  nuisibles à la santé des animaux, qui les ingèrent, et à l’être humain, pouvant créer de graves problèmes de santé tels que l’obésité, des cancers, l’endométriose ou l’infertilité.

De plus en plus, la recherche démontre que les mêmes caractéristiques, qui en font un matériau léger et aux liaisons moléculaires incroyablement durables, en font aussi une menace omniprésente, et persistante pour la santé humaine et les écosystèmes car il persiste dans la nature pour des siècles.

Sans compter que la pollution plastique est avant tout une pollution invisible. Elle commence bien avant l’apparition d’un déchet. Chaque produit en plastique génère des micro et nanoparticules de plastique tout au long de son cycle de vie. 

Un exemple banal ? Le simple fait de porter des baskets libère à chaque pas par l’abrasion du matériau sur le sol des microfragments de plastique dans l’environnement. De la même manière, le simple fait de rouler à vélo, avec des pneus souvent en plastique, entraîne la libération de microplastiques à chaque frottement sur le sol. Cette pollution subtile mais omniprésente est un aspect fondamental de la pollution plastique, nécessitant une attention particulière pour atténuer son impact sur l’environnement et la santé. 

Cet aspect est malheureusement souvent négligé et minimisé par l’industrie du recyclage du plastique, qui semble préférer ignorer ce problème pour poursuivre ses activités au détriment de la santé de chacun d’entre nous.

Quel mode de vie devrait-on adopter pour éviter la pollution plastique ? 

La façon la plus efficace de réduire notre exposition à la pollution plastique serait de réduire la production et le recours aux plastiques vierge ou recyclé. Plus nous sommes exposés au plastique, plus nous en ingérons. C’est facile de mettre la faute sur le consommateur, mais il ne peut pas tout, la plupart du temps il ne sait même pas qu’il consomme du plastique. Le consommateur peut bien entendu influer sur sa consommation plastique mais jusqu’à une certaine mesure.  C’est pourquoi, on en appelle aux politiques.

Des lois très claires doivent être mises en place, telle qu’une taxe sur les microplastiques qui seraient calculée au prorata du plastique produit et vendu. Cette taxe permettrait à l’état de mettre en place des solutions pérennes pour la collecte et la destruction du plastique par les enzymes par exemple. Il faut cesser de croire que le plastique recyclé est une solution qui réglera la question de la pollution plastique. Il ne l’est pas, il ne l’a jamais été. 

C’est bientôt les fêtes de Noël et combien sont les parents qui ont déjà prévus des jouets en plastique pour leurs enfants ? On ne peut pas les blâmer, ceux qui arrivent à faire sans c’est formidable, mais cessons de culpabiliser ceux qui en achètent encore. C’est aux industriels de changer, de proposer des jouets sains pour nos enfants. Ce n’est pas normal que ce matériau toxique soit encore utilisé pour faire des jouets et donc pour être en contact quasi permanent avec nos enfants. Nos gouvernements devraient prendre la mesure de l’urgence.

On consomme quasiment tous du plastique et ce n’est pas faute de réduire, la plupart du temps on achète tous du plastique, parfois même sans le savoir. Prenons l’exemple de la brosse à dents, la brosse à dents en bambou. Les poils de la brosse sont en nylon, donc en plastique…. Ou encore les chewing-gums ou les sachets de thé.

Prenons encore un autre exemple, les tampons, ils contiennent près de 6 pour cent de plastique et concernant les serviettes hygiéniques c’est près de 90 pour cent. C’est inadmissible que les femmes mettent en danger ainsi leur santé sans même le savoir et au moment où elles sont le plus vulnérables, c’est-à-dire en période des menstruations.

Le corps des femmes absorbe plus facilement les toxines des substances chimiques contenues dans le plastique car le niveau d’œstrogène et le volume de graisse est plus important dans le métabolisme féminin que chez l’homme, ce qui implique une sensibilité plus forte à certains perturbateurs endocriniens. 

Ces toxines sont alors stockées dans les tissus adipeux avec une concentration plus marquée lors de périodes telles que la puberté, les menstruations, la grossesse, l’allaitement et la ménopause.

Par conséquent, cela représente plus de la moitié de la vie d’une femme. C’est pourquoi, je conseille à toutes les femmes de faire d’autant plus attention à leur consommation plastique durant ces périodes, de faire un « plastic diet » afin de minimiser son exposition à ces perturbateurs endocriniens :

  • Bannir les plastiques de catégories 1, 3, 6 et 7, ce sont les plus toxiques.

Si vous ne pouvez pas éviter totalement le plastique, privilégiez les plastiques 2, 4 et 5, ce sont les moins toxiques.

  • Conservez le moins longtemps possible les aliments dans ces matériaux, et ne les réchauffez jamais, même si l’étiquette indique que vous pouvez le faire. Ne laissez d’ailleurs jamais une bouteille en plastique exposée au soleil, si vous le faîtes ne buvez surtout pas le contenu.
  • Utilisez des récipients en verre, en inox et en porcelaine quand vous le pouvez. Essayer de transvaser les aliments que vous achetez dans du plastique dans du verre, afin de laisser le moins longtemps possible les aliments en contact avec le plastique. 
  • Ne conservez pas des emballages plastiques usés. En phase de dégradation, ils sont d’autant plus toxiques.
  • Ne prenez jamais d’assiettes et de couverts en plastique.
  • Lorsque vous achetez un produit de beauté ou de soins, vérifiez la composition du contenant et du contenu. Un contenant en plastique contamine son contenu, et de nombreux contenus, s’agissant des produits de soins contiennent du plastique, que nous ingérons quotidiennement par les pores de notre peau. Si vous voyez les mots “polyéthylène, ou polypropylène”, inscrits dans la liste d’ingrédients d’un produit de beauté ou d’hygiène, ne l’achetez surtout pas cela signifie qu’il contient des microplastiques dans sa formulation.
  • Lorsque vous achetez un vêtement, vérifiez toujours l’étiquette, s’il contient des matières synthétiques (nylon, lycra, polyester, acrylique, élasthanne, polypropylène…), c’est du plastique et cela représente donc un danger pour votre santé.

Pourquoi le plastique recyclé est-il si dangereux ?

Des études ont montré que le plastique recyclé est plus nocif en raison des substances chimiques qu’il contient, résultant du processus de recyclage, mettant ainsi en danger notre santé, et en particulier celle des femmes qui utilisent de nombreux produits cosmétiques emballés dans des flacons en plastique recyclé. De plus, un plastique recyclé génère 2,3 fois plus de microplastiques

Et ce qui rend le plastique recyclé encore plus dangereux est qu’il est présenté comme une solution écoresponsable. On salue les entreprises et les personnes qui l’utilisent. On leur remet des prix. C’est insensé de voir cela, les générations futures seront déconcertées par notre aveuglement face à la réalité de la situation. Le plastique recyclé est un fléau marketé et commercialisé comme un matériau qui contribue à sauver la planète, or il participe en réalité à aggraver la pollution plastique et le changement climatique. Le plastique recyclé nous fait perdre un temps précieux, il donne l’illusion que nous sommes sur la bonne voie.

(Visualiser ici la conférence Tedx de Rosalie Mann intitulée Désillusion du plastique recyclé.)

L’idée selon laquelle « recycler c’est mieux que rien », est en réalité une idée fausse et même contre-productive en ce qui concerne le plastique. Contrairement aux idées reçues, se tourner vers le plastique recyclé ne garantit pas l’innocuité du produit, au contraire cela augmente la toxicité du matériau et contribue davantage à la pollution plastique par les microplastiques qu’il génère. 

Il est temps de cesser de considérer le plastique comme une ressource précieuse que l’on peut remettre en circulation soit par le recyclage soit par le réemploi. Le plastique est un matériau toxique tout au long de son cycle de vieMême quand on le recycle, il reste toxique. Avec le plastique recyclé, nous avons donc simplement remis en circulation le poison qui nous empoisonne et nous re-empoisonne, en boucle, à chaque cycle de recyclage.

Améliorer le taux de recyclage des plastiques et soutenir les technologies qui permettent de recycler une plus grande variété de plastiques sont essentiels uniquement pour l’économie circulaire, mais aucunement pour notre santé, ni pour l’avenir de notre écosystème. Il est préoccupant que l’on nous fasse croire que le plastique joue un rôle essentiel et répond à de nombreux besoins de la société. Si c’est vraiment le cas, nous avons la responsabilité de repenser notre société car les plastiques sont toxiques. Affirmer que le plastique facilite et sécurise la distribution et la préservation des aliments par exemple est une erreur, car lorsque vous consommez des produits enveloppés dans du plastique, y compris du plastique recyclé, vous mettez en danger votre santé. 

Alors, où se trouve réellement la sécurité dans cette situation ? Il est essentiel de remettre en question cette notion et de prendre des mesures pour réduire notre dépendance au plastique toxique et adopter des alternatives plus saines et durables.

L’industrie de la plasturgie souhaite nous faire croire que les plastiques ont de la valeur tout au long de leur cycle de vie, mais les plastiques génèrent des microplastiques et des substances chimiques tout au long de leur cycle de vie.

Vous l’aurez compris, le plastique est l’un des plus importants fléaux de notre siècle, avec des conséquences bien plus étendues que nous ne pouvons l’imaginer. 

Concernant la mode, que diriez-vous aux consommateurs de vêtements et d’accessoires en fibres synthétiques ?

L’idée n’est pas de les décourager mais de les informer. Le polyester, le nylon, l’acrylique et d’autres fibres synthétiques – qui sont toutes des formes de plastique – représentent désormais plus de 60 pour cent du matériau qui compose nos vêtements dans le monde entier.

Nous en avons donc quasiment partout dans la mode et cela pour une raison très simple : les fibres synthétiques en plastique sont bon marché, et permettent à l’industrie de la mode de faire de plus grandes marges.

Les fibres synthétiques sont bon marché car elles sont faites à base de plastique que nous produisons dans une quantité astronomique. La production de plastique à grande échelle est également soutenue par l’industrie pétrochimique, car le plastique est fabriqué à partir de produits pétroliers. On est passé de 359 millions de tonnes en 2018 à plus de 460 millions de tonnes en 2022 et on devrait dépasser les 600 millions de tonnes en 2030, selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie. L’industrie des emballages et l’industrie textile sont les deux premiers pourvoyeurs de cette inflation aussi funeste qu’exponentielle. 

La production excessive de plastique est largement influencée par la demande et la consommation de ce matériau dans de nombreux secteurs de l’industrie. Plus la production de plastique est élevée, plus il devient compétitif en termes de coût par rapport à d’autres matériaux. 

C’est pourquoi il est important de taxer et de réglementer l’utilisation de ce matériau, en demandant par exemple que toutes les sociétés, produisant et commercialisant des produits à base de plastique, aient l’obligation de mentionner sur leurs produits qu’ils libèrent des microparticules dans l’air et dans l’eau lors de leur utilisation et de leur lavage, et en avertissant des risques qu’ils font peser sur notre santé, au contact de la peau ou de l’organisme.  

Nous sommes très fiers de nous associer à Woolmark pour lancer un plaidoyer à l’industrie de la mode, intitulé « Filter by Fabric » : www.filterbyfabric.com

Filter by Fabricest un appel pressant à l’action destiné à chaque marque de mode, détaillant, designer textile, éditeur et créateur de contenu, les exhortant à s’engager en faveur d’étiquettes de produits claires et sincères qui fournissent des descriptions précises des tissus.

Il encourage également les citoyens à tenir compte de l’impact de la composition des tissus pour prendre des décisions éclairées axées sur la durabilité. Par exemple : un produit contenant des matières synthétiques devrait être indiquer comme un produit contenant du plastique. 

La mode doit être plus transparente et durable et pour cela la prise en compte et une communication claire des tissus est essentielle. 

D’autant que, d’après un sondage mené par Woolmark : 

  • 1 personne sur 3 déclare rarement, ou ne jamais, vérifier la composition des tissus lorsqu’elle effectue un achat en ligne. 
  • 77 pour cent des personnes estiment qu’il est important que les marques de vêtements et les détaillants précisent clairement les matériaux à partir desquels leurs vêtements sont fabriqués. 
  • 1 personne sur 3 estime qu’il serait plus facile de faire des choix durables si les magasins facilitaient la filtration par type de tissu. 
  • 60 pour cent des personnes estiment que si les magasins incluaient la composition des tissus dans le nom du produit ou permettaient aux consommateurs de filtrer par type de tissu, cela faciliterait la prise de décisions durables.

Pour réduire l’utilisation excessive de plastique, il est nécessaire de repenser notre modèle de consommation, mais aussi d’être transparent sur les matières utilisées. 

Les matières synthétiques sont très appréciées des designers car elles sont extrêmement polyvalentes et qu’elles offrent une extensibilité et respirabilité notamment dans le sport, ainsi que chaleur et robustesse dans les vêtements d’hiver. Mais ce qui est étonnant c’est de penser que seule une matière synthétique pourrait offrir cette particularité. La laine ou les algues, par exemple, peuvent permettre de remplacer grand nombre de matières synthétiques, mais la plupart du temps, pour des raisons de coûts comparés aux matières synthétiques, elles sont ignorées.  

Prenons comme exemple l’Optim, un tissu résistant à l’eau conçu à partir de 100 pour cent de laine mérinos, et ce, sans recours à des produits chimiques ou à des matériaux synthétiques.

La technologie d’extension des fibres d’Optim transforme les fibres de laine mérinos en fils, qui sont ensuite tissés pour former un tissu résistant à l’eau. La densité du fil dans le tissu est l’élément clé qui confère à l’Optim ses propriétés de résistance à l’eau, grâce à son tissage serré de fils fins en laine mérinos qui ont été étirés lors du processus.

Il est possible de fabriquer des maillots de bain en laine à 100 pour cent, comme en ont fait la démonstration la collaboration Vilebrequin x Woolmark. Les solutions, les alternatives existent déjà, elles ne sont justes pas utilisées à grande échelle. C’est pourquoi, il est si important que les consommateurs comprennent l’impact à long terme de ces fibres synthétiques, qu’elles proviennent de plastique vierge ou de plastique recyclé, sur leur santé et sur l’environnement.

Les estimations varient, mais de manière générale une seule charge de linge libère des centaines de milliers de fibres de nos vêtements dans l’approvisionnement en eau. Pensez à combien de personnes lavent leurs vêtements chaque jour et à la quantité de vêtements que nous possédons tous.

Cependant, il y a un autre aspect que nous ne devons pas oublier : nos vêtements, nos chaussures et accessoires fabriqués à partir de ces fibres synthétiques génèrent également des microplastiques simplement en les portant. Une étude menée en février 2020 a démontré pour la première fois que la libération directe de microfibres provenant des vêtements dans l’air, en raison de l’usure, est d’égale importance que pour les rejets dans l’eau.

Actuellement, il existe un intérêt considérable pour les technologies de traitement des eaux usées. Cependant, ces résultats suggèrent que des mesures plus efficaces pourraient résulter de modifications dans la conception des textiles, visant à réduire les émissions dans l’air et dans l’eau. Nos vêtements en polyester ou matières synthétiques polluent à la fois l’air et l’eau.

Tant que l’industrie du textile et de la mode n’aura pas supprimé les matières synthétiques, voici trois recommandations : 

  1. Acheter moins de vêtements : privilégier des achats réfléchis à l’impulsion et opter, quand cela est possible, pour des vêtements que nous pouvons porter en toute saison.
  2. Acheter moins de textiles synthétiques : toujours regarder précisément les étiquette pour la composition.
  3. Limiter les lavages et le nettoyage à sec : ne laver ou envoyer au pressing que si vraiment nécessaire pour réduire la libération des microfibres dans l’eau. 

Quels sont vos projets ?

Je termine l’écriture d’un livre sur l’impact de la pollution plastique sur la santé qui sortira en 2024 au Editions La Plage, chez Hachette.

Il est important de comprendre que cette pollution invisible est devenue une question de santé publique. Un corpus croissant d’études nous éclaire aujourd’hui sur le sujet et ce n’est pas fini. On a trouvé du microplastique dans le sang, le cerveau, les poumons, le cœur. On sait que les microplastiques peuvent ainsi endommager les cellules humaines, mais aussi s’accrocher aux membranes externes des globules rouges et limiter leur capacité à transporter l’oxygène. Des liens de cause à effet ont été établis entre le plastique et les problèmes d’infertilité et d’immunité ou encore l’augmentation de maladies chroniques, comme le diabète, l’obésité, la maladie de Crohn, l’endométriose, les maladies cardio-vasculaires, le cancer du sein ou du côlon. Face à l’urgence sanitaire, il est impératif de prendre des mesures fortes pour éradiquer cette pollution, en réduisant drastiquement la production de plastique et de cesser avec le recyclage du plastique. 

Nous travaillons également pour faire voter des lois et des réglementations pour demander que les industries utilisant du plastique vierge ou recyclé dans leurs produits aient l’interdiction d’employer dans leur stratégie marketing et leurs publicités le terme « écoresponsable » ou tout autre adjectif laissant penser que ce matériau contribue au bien-être de la planète, sous peine de sanctions pénales pour pratiques commerciales trompeuses.

Le 4 septembre dernier, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a publié un “draft zéro” du futur traité international contre la pollution plastique, dont les conclusions sont attendues pour fin 2024. Il est encore temps de faire de ce texte un acte historique si on veut vraiment déplastifier notre planète. On est encore loin d’un texte ambitieux et courageux mais nous avons bon espoir que l’opinion publique fasse pression sur les dirigeants. Les prochaines sessions auront lieu en novembre 2023 puis en avril 2024. 

Cet engagement – le plus important depuis l’Accord de Paris sur le climat – pourrait marquer un tournant historique dans la lutte contre la pollution plastique. Avec lui, nous avons une occasion unique d’éradiquer ce fléau à l’échelle mondiale si des décisions courageuses sont adoptées, comme par exemple de cesser avec le recyclage et d’investir dans la mise en place de l’éradication des déchets plastiques. D’interdire l’usage du plastique recyclé dans les produits du quotidien destinés aux enfants et aux femmes.

Les risques liés à la pollution plastique ne sont pas minimes, bien au contraire et nous ne devons pas les sous-estimer. Mais nous sommes encore en train de comprendre tous les effets néfastes de son impact sur notre santé. Ce n’est que le début. Les études sont relativement récentes, c’est pour cela qu’il est précisément important de sensibiliser et de vulgariser ces recherches. 

A l’instar de notre prise de conscience sur les dangers mortels du tabac, je rêve du jour où le public comprendra tout autant que le plastique, y compris le plastique recyclé, contribue à l’extinction du monde vivant. Nous vivons une période critique de bouleversements sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Réécrivons l’Histoire avec ce traité. Nous sommes tous la solution. Nous ne devons pas capituler face à ce tsunami de plastique. Il n’est pas une fatalité, mais l’un des plus grands défis que nous ayons à relever. Relevons-le.

SIGNEZ ICI LE MANIFESTE

No More Plastic : https://www.nomoreplastic.co

No More Plastic Kids : https://www.nomoreplastickids.com

Photos : No More Plastic Foundation

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