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Depuis des années, des lois environnementales et discours contribuent à la transformation de l’industrie textile. Pour matérialiser ces textes et ces paroles, différentes solutions technologiques concrètes ont vu le jour. Plusieurs de ces outils étaient exposés au salon Fashion Act 2025 à Paris les 14 et 15 mai, mettant en avant des enjeux de traçabilité, d’éco-conception ou de calcul d’impact et répondant déjà aux obligations imposées au secteur dans les années à venir. 

« Nous travaillons avec plus de 100 marques en France et à l’international, notamment des acteurs mass market et luxe. La loi est un accélérateur, mais la demande est là : les marques ont un réel besoin de comprendre leurs chaînes de production et de les responsabiliser », explique Alix Dezaulière, responsable commerciale chez Fairly Made. Cet éditeur d’une plateforme Saas (Software as a Service, soit un logiciel sur abonnement) de centralisation des données fournisseurs pour les marques de mode répond à l’un des principaux enjeux de la mode contemporaine, à savoir la traçabilité et la mesure d’impact d’un article. Comme pour les produits alimentaires bien avant, savoir qui, où et comment a été fabriqué un vêtement est désormais au cœur des questionnements des consommateurs. Outre la collecte de données, Fairly Made, s’appuyant sur l’intelligence artificielle, propose aussi leurs analyses, afin de mesurer l’impact environnemental et social d’un produit, et de restituer les informations de manière la plus efficace.

 

Fairly Made - Nouvelles technologies : les pierres angulaires de la mode circulaire - Pearls Magazine

Fairly Made

 

D’autres acteurs se positionnent également sur l’aspect traçabilité. C’est le cas du néerlandais TextileGenesis, dont la technologie permet la numérisation et le suivi, pour les marques, de tout actif textile, comme le fil, la fibre ainsi que plusieurs tissus. Ce traçage s’effectue à travers des jetons numériques, appelés « fibercoins », basés sur la blockchain. TextileGenesis, détenu par le groupe français Lectra, est déjà utilisé par plus de 15 000 marques dans le monde.

 

Textile Genesis - Nouvelles technologies : les pierres angulaires de la mode circulaire - Pearls Magazine

TextileGenesis

Offrir de la transparence 

 

Ces enjeux concernent aussi les marques françaises plus modestes. Ces dernières peuvent avoir accès à une solution de traçabilité avec La Belle Empreinte. Cette autre plateforme calcule l’empreinte environnementale de chaque produit non électronique, soit les vêtements, mais aussi les chaussures, les accessoires ou les objets de décorations. Elle utilise une méthodologie pour créer des fiches environnementales en lien avec l’article 13 de la loi AGEC et apporte des outils pour éco-concevoir et valoriser les engagements. En parallèle, la transparence peut aussi se faire via la mise en place d’un label, qui certifie, après audit, qu’un produit respecte 40 critères écologiques et sociaux. 

 

La Belle Empreinte - Nouvelles technologies : les pierres angulaires de la mode circulaire - Pearls Magazine

La Belle Empreinte

 

Pour répondre aux nouvelles exigences de transparence, les marques se fixent des objectifs de traçabilité de plus en plus ambitieux. Mais ces démarches peuvent vite devenir chronophages et complexes. NeoCondo est une plateforme qui propose une solution tout-en-un pour automatiser la collecte de données RSE, réaliser des analyses de cycle de vie (ACV) et piloter la performance environnementale des produits. Le principal frein aujourd’hui reste la sensibilisation des marques et de l’ensemble de leur chaîne de valeur. « Tout le monde dans l’entreprise doit s’approprier ces enjeux, pas seulement les responsables RSE », insiste Nicolas Hennetier, CEO. En contexte économique tendu, le rôle moteur des marques est crucial pour faire remonter les informations auprès des fournisseurs, encore peu enclins à partager spontanément l’origine des produits. 

 

neocondo - Nouvelles technologies : les pierres angulaires de la mode circulaire - Pearls Magazine

NeoCondo

 

Un objectif d’éducation des marques à court terme 

 

Les nouvelles technologies peuvent également s’appliquer à la seconde main. Si celle-ci est généralement proposée via des places de marché en ligne, il est difficile pour les marques de déterminer quelle est la valeur d’un produit. C’est dans ce champ d’action que Prelovv, une solution d’analyse de données spécialisée dans le marché de la seconde main, s’inscrit. « On propose une forme de health check pour les marques sur leur présence en seconde main. On fournit des analyses de marché, produit par produit. Cela permet aux marques de voir ce qui se revend bien, où, à quel prix, et d’optimiser leurs marges sur leurs propres produits revendus« , détaille Marie-Caroline Randon, la CEO. La société annonce ainsi permettre jusqu’à 20 pour cent de marge supplémentaire pour les marques qui intègrent cette logique circulaire dans leur stratégie. 

Peu importe leur positionnement, toutes les entreprises citées — qu’elles misent sur la traçabilité ou la seconde main — s’accordent sur un point : la loi mettra en lumière les démarches vertueuses, mais il ne faut pas l’attendre pour agir. « Il faut être en proaction, pas en attente de loi », encourage Sophie Boutillot, business developer chez Lectra. « Aujourd’hui, la sensibilisation progresse déjà. La loi est un argument pour équiper un maximum de marques », ajoute Inès Crosnier, consultante pour La Belle Empreinte. De son côté, Nicolas Hennetier s’enthousiasme : « Des textes comme la loi anti-fast fashion sont perçus comme une opportunité : ils valorisent les projets responsables ». 

Les marques qui attendent le dernier moment pour se mettre en conformité prennent du retard. Les outils existent et fonctionnent : reste désormais à convaincre les acteurs de la mode de leur utilité, et à les accompagner dans leur prise en main… avant que la réglementation ne les y contraigne. 

 

Rédaction/Photos : Stella Chaspoul Autuoro 

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