“Concevoir avec la nature, et non contre elle, nécessite des pratiques alternatives et de nouveaux instruments”. C’est ainsi que la designer et scientifique britannique, Charlotte Werth, propose une nouvelle approche concernant la teinture naturelle : “Moving Pigments”. Ce projet révolutionnaire vise à étendre et automatiser le processus de co-conception de motifs textiles avec des bactéries productrices de pigments. Son objectif? Agrandir une réalité généralement dissimulée à nos yeux, nous révélant la beauté incroyable de ce monde microscopique parallèle.
La méthode de teinture par le biais de bactéries productrices de pigments a pour but de substituer les produits chimiques utilisés dans le processus traditionnel de la teinture qui ont un impact environnemental. De fait, la production et la consommation de masse ont conduit à une utilisation extensive de colorants pétrochimiques. Ceux-ci ont souvent des répercussions désastreuses sur les écosystèmes en polluant les cours d’eau et les paysages. En revanche, les colorants bactériens présentent de nombreux avantages écologiques, notamment une consommation d’eau beaucoup plus faible et l’absence de produits chimiques nocifs. Intégrer cette méthode dans le secteur de la mode et du textile serait donc nécessaire pour offrir une alternative écologique.
Qu’est-ce que la teinture bactérienne?
“La teinture bactérienne est une méthode de teinture belle et unique, créant des dégradés de couleurs et des lignes qui ne peuvent pas être facilement imités”, explique Charlotte Werth à Future Materials Bank (une archive de matériaux qui soutient et promeut la transition vers des pratiques artistiques et de design écologiquement conscientes). Cependant, les microbes se développent de manière légèrement inattendue et font partie du processus de conception. “En plaçant les organismes vivants au cœur d’un processus de production collaboratif, le résultat peut être explicitement conçu mais jamais exactement prévu”, dit-elle. Co-concevoir et co-produire avec les micro-organismes signifie comprendre leur manière de croître et l’appliquer lors de la création de motifs.
“Remettre en question la séparation établie entre les espèces humaines et non humaines peut créer une innovation significative”,
Charlotte Werth
La machine développée dans le cadre de ce travail est conçue pour expérimenter et explorer le processus de teinture bactérienne grâce à l’automatisation.
Photos: Tom Mannion et Suzie McMurtry pour Future Materials Bank.
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