Zena Holloway est convaincue que la nature n’attend que nous pour être exploitée. Cette jeune femme est née à Bahreïn, mais elle est britannique. Son nom arabe lui vient de son père qui était pilote de ligne. Elle est innovatrice en matière, photographe et créatrice, concevant des racines biodégradables en artefacts depuis son studio à Londres.
Quel est votre parcours académique et professionnel ?
J’ai quitté l’école à 18 ans et j’ai voyagé en Égypte, puis aux îles Caïmans, où j’ai travaillé comme instructrice de plongée sous-marine pendant trois ans. J’ai découvert un intérêt pour la photographie sous-marine et j’ai appris à me servir d’un appareil photo. J’ai développé un style photographique qui m’a conduit à une carrière réussie en tant que photographe et réalisatrice sous-marin indépendante, travaillant pour des clients haut de gamme sur des campagnes mondiales pendant plus de vingt ans. Je continue à exposer en tant que photographe d’art sur des projets sélectionnés et je vends des tirages en édition limitée dans des galeries au Royaume-Uni et à l’étranger.
Pouvez-vous nous parler de votre passion pour les océans et la nature ?
Le monde naturel a joué un rôle très important dans les carrières que j’ai suivies. La photographie est une narration visuelle et la nature est toujours le meilleur collaborateur. Aujourd’hui, je cultive du textile à partir de racines afin d’unir la biologie au design et de reconnecter l’humanité à la nature. Je crée des artefacts pour cultiver la conscience matérielle et montrer que les capacités étonnantes de la nature n’attendent que nous pour être exploitées.
Qu’est-ce qui vous a amené à créer votre propre projet Rootfull ?
En 2018, je pataugeais dans la rivière de mon quartier. J’étais consternée par les énormes quantités de déchets plastiques, lorsque j’ai vu les racines propres et fibreuses d’un saule qui poussaient sous l’eau. Je me suis dit : « Et si nous pouvions faire pousser nos vêtements à partir de graines ? »
La nature tisse des textiles sous nos pieds depuis plus de 500 millions d’années, en créant des réseaux souterrains ou des racines. L’idée a pris racine et s’est développée. Cinq ans plus tard, je suis devenue une autodidacte, une innovatrice en matériaux et une bio-conceptrice, qui fabrique et vend des produits cultivés à partir de racines.
Pouvez-vous nous expliquer le processus de culture des textiles à base de racines et comment obtenir une forme en 3D, par exemple ?
Je crée des textiles naturels polyvalents à base de racines, qui peuvent être cultivés en différentes épaisseurs et motifs à l’aide de gabarits en cire d’abeille. Pendant deux semaines, les graines d’agropyre germent et la racine pousse sur les gabarits pour créer un textile entièrement tissé par la nature. Le textile racinaire a une esthétique unique qui est à la fois belle et intrigante. Il est biodégradable, non polluant, économe en eau et estimé négatif en carbone. Au cœur de l’innovation se trouve une idée simple et perturbatrice : la racine peut être transformée en matériaux et produits fonctionnels pour remplacer le cuir, les textiles synthétiques et d’autres produits pétrochimiques.
Quel type de vêtements peut-on fabriquer avec ces racines ?
Je suis encore en train d’explorer la fonctionnalité des racines, mais si je dis qu’il y a plus de 11 000 espèces d’herbes différentes et que chacune a une structure de racine différente, cela aide à expliquer la vaste base de matériaux. Cette année, j’ai lancé une nouvelle collection d’accessoires de mode et de bijoux que j’exposerai à Londres et que l’on pourra se procurer sur mon site web.
Quels sont vos projets pour faire évoluer votre idée vers une entreprise commerciale ?
Les racines sont les éléments invisibles de notre monde naturel, les fondements de la vie. L’exploitation de ce matériau vivant a des implications physiques et métaphoriques qui vont au-delà de l’objet lui-même. Je m’efforce d’incarner le rêve d’un design organique, d’offrir une vision d’un monde qui est cultivé et non fabriqué.
Mon innovation est le bio-design dans sa forme la plus simple, elle fait appel à la narration et à des expériences tangibles pour inspirer les gens et leur donner les moyens de devenir des moteurs du changement.
Mon ambition est de collaborer avec des marques pour créer des produits qui inspirent une prise de conscience plus profonde des matériaux que nous consommons et qui offrent un récit capable de changer les comportements.
Photo : Zena Holloway
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