“La mode éco-responsable, un sujet de plus en plus à la mode avec de plus en plus d’acteurs, beaucoup de communication très bien faite, quelques inititiatives qui sortent du lot, mais parfois l’impression de beaucoup de bruit pour pas grand chose. Nous croyons que les entreprises doivent prendre la question à bras le corps pour être prêtes à faire avec l’urgence et les réglementations qui sont fatalement amenées à se durcir. Et sérieusement repenser leur modèle d’affaires.” Hélène Sarfati Leduc, fondatrice de l’agence conseil Le French Bureau, à Paris, multiplie les bonnes pratiques en accompagnant les entreprises pour faire évoluer le secteur de la mode en pleine transition. Rencontre.
Comment a évolué Le French Bureau depuis sa création en 2016?
Nous recevons de plus en plus de demandes de formations, curieusement, alors qu’il semblerait que la connaissance de la mode responsable progresse. Nous remarquons un besoin croissant de clarification, sans doute parce que les intitiatives, organismes et normes explosent et que les entreprises ne s’y retrouvent pas.
On retrouve également beaucoup plus de concurrence sur un marché qui devient intéressant pour les marques, avec, peut-être, il me semble, une volonté de faire plus volontiers appel à des acteurs du conseil peut-être un peu plus indulgents…
Quels sont aujourd’hui les domaines de compétence de l’agence?
Au French Bureau, nous conseillons et accompagnons les petits créateurs de A à Z: depuis l’idée jusqu’à la commercialisation, en passant par le sourcing des matières et les conseils de style parfois.
Nous réalisons aussi des formations pour des groupes de luxe à l’international, nous collaborons avec des écoles en mode projets, nous organisons des séminaires et des workshops avec des designers par exemple. Nous sommes surtout sollicités pour le sourcing, la construction de marque et la formation.
Qui peut faire appel à vos services?
Tout le monde dans le secteur de la mode et du luxe responsables.
Avez-vous des exemples de “Best Practices” concernant la mode durable?
Oui, elles sont innombrables!
Par exemple les banques de matières endormies, les baisses de production (Adapta, Uptrade,Nona source etc), la location de vêtements, l’achat d’articles de seconde main, la customisation, la participation d’ouvriers “faiseurs” au processus de création (About a Worker).
Mais aussi de plus en plus d’économie circulaire, de recyclage en boucle fermée des vêtements, la préservation des savoirs-faire locaux, l’utilisation de matières premières ayant peu (ou pas) d’impact sur l’environnement.
Pourriez-vous nous donner quelques références de travaux réalisés?
En Chine, nous avons organisé une formation et un partenariat avec un cabinet de conseil en mode responsable, ainsi qu’un webinar sur la fast fashion.
En Europe, nous avons formé des équipes dans le retail de grandes maisons de luxe, accompagné de jeunes marques et nous sommes intervenus dans de grandes écoles notamment avec l’animations de talks, la rédaction de contenus pour expositions et nous avons participé à la redaction de rapports RSE.
D’après vous, la période liée au Covid a-t-elle été un accélérateur de prise de conscience dans la mode?
Oui, d’abord avec la pénurie des masques de protection anti-Covid. Nous avons pris conscience des approvisionnements en pays lointains, de l’ inexistence du Made in France et de la réindustrialisation…
Durant cette période, les marques tributaires de leurs fournisseurs étrangers ont vu leur approvisionnement stoppé.
Les achats en produits de mode ont été réduits, la tendance à la consommation lente ou “slow fashion” a pris le dessus.
Quels sont vos projets?
Développer l’offre de formation, indispensable au vu de ce qu’il reste à expliquer, développer le conseil pointu et la prospective auprès de petites et grandes marques et continuer à collaborer avec les écoles de mode et de commerce.
Crédit photo : Luc Valigny