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Qui est Atidi Mayer, l’activiste de la mode durable?

Pour celles et ceux qui ne la connaissent pas encore, Aditi Mayer est activiste. Originaire du sud-est asiatique et basée à Los Angeles, elle milite pour un monde meilleur. C’est dans une optique de conscience sociale qu’elle marie à la perfection le monde de l’art, l’éducation et l’industrie de la mode pour faire passer ses messages. À 25 ans, cette jeune femme polyfacétique est également photojournaliste sur des thèmes de droit social et environnemental et influenceuse dans la mode durable. 

Aditi Mayer

Comprendre une industrie qui “fonctionne de manière coloniale”

En 2014, un an après l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, Aditi faisait ses débuts dans le mouvement de la mode durable. Après avoir constaté les ravages de l’industrie de la mode sur l’environnement, les droits humains et notamment sur les personnes de couleur dans le monde, Aditi a cherché à comprendre les fondements historiques et sociopolitiques qui permettent à cette industrie de « fonctionner de manière coloniale, enracinée dans l’exploitation et l’extraction de la main-d’œuvre et de l’environnement naturel ». Cette année-là, l’influenceuse a créé une plateforme (ADIMAY.com) qui lui permet de décortiquer les intersections du style, de la durabilité et de la justice sociale en examinant la mode sous l’angle de la décolonisation et de l’intersectionnalité.

Depuis, elle est devenue activiste dans la durabilité, abordant son travail dans de multiples domaines : storytelling, journalisme, direction créative et mannequinat, pour explorer les thèmes de l’identité, du genre, du travail et de l’environnement. Parallèlement à ces activités, Aditi Mayer est membre du conseil d’Intersectional Environmentalist et de State of Fashion. Et l’an dernier, elle a documenté les impacts sociaux et environnementaux de la chaîne d’approvisionnement de la mode en Inde dans le cadre du National Geographic Digital Storytelling Fellow.

Modèle inspirant de sa génération, Aditi a collaboré avec de nombreuses publications internationales comme Vogue, Grazia, Marie Claire, The New York Times ou AD, pour partager sa vision du monde.

Extrait de “Sustainable Thinking” pour Ferragamo

Récemment, elle publiait un article sur le site web de Ferragamo, dans la rubrique « Sustainable Thinking », où sont invités à s’exprimer différents acteurs de la mode pour proposer des alternatives aux modes de production et de consommation. Voici un extrait :

« La durabilité est rapidement devenue l’un des termes les plus omniprésents dans le monde de la mode, même si son utilisation reste largement non réglementée. Ses implications sont nombreuses et variées : de l’impact environnemental à l’éthique du travail. À la base, la définition de la durabilité est “la capacité à se maintenir à un certain rythme ou niveau”. (…)

Mais lorsqu’il s’agit de mode, il est important de réaliser que le modèle de mode dominant est dégénératif – de l’extraction et de l’exploitation de ressources finies, des matières premières à la main-d’œuvre humaine, comme moyen de croissance et de succès “infinis”.

La durabilité exige de réimaginer le système. La durabilité exige une remise en question du pouvoir. La durabilité exige que nous examinions l’impact de la mode non seulement comme un produit que nous voyons dans les magasins, mais aussi à ses débuts : comme un produit de la terre et du travail.”

Dans cet article, Aditi Mayer évoque l’importance de la biodiversité. “Pour comprendre la mode, nous ne pouvons pas oublier que les vêtements sont un produit de l’agriculture – à moins qu’ils ne soient dérivés de matériaux synthétiques comme le polyester, un sous-produit de l’industrie des combustibles fossiles. Au lieu de proposer des solutions uniques qui conduiraient à une plus grande homogénéité des fibres de mode, ou d’examiner les paramètres écologiques à travers des mesures isolées telles que la consommation d’eau, nous devons poser des questions plus constructives comme, par exemple : Comment pouvons-nous utiliser des fibres indigènes et des approches agricoles indigènes pour soutenir un avenir durable et biodiversifié ?

Si la biodiversité agricole est la clé d’un avenir durable, nous devons également remettre en question l’esthétique culturelle de l’industrie de la mode. Actuellement, l’esthétique occidentale est exportée dans le monde entier, qu’il s’agisse de la présence croissante des géants de la fast fashion dans les magasins, après des décennies d’approvisionnement à l’étranger, ou du flux constant de vêtements de seconde main importés du Nord vers le Sud, qui déstabilisent souvent les industries textiles et manufacturières locales au profit d’articles de fast fashion et bon marché. 

Un retour aux vêtements locaux, centrés sur l’ethnie, permettrait-il de faire revivre un ensemble de pratiques artisanales qui sont intrinsèquement liées aux formes de production indigènes ? Dans de nombreuses nations riches en textiles qui ont été ravagées par le colonialisme, il existe un mouvement visant à faire revivre les variétés végétales indigènes nécessaires aux formes de production (indigènes) qui ont été détruites à cause des systèmes coloniaux de droits de douane et d’accises discriminatoires à l’égard des producteurs indigènes. 

En Inde, de nombreuses communautés sont à la recherche de semences biologiques de cotons à fibres courtes qui, au fil des millénaires, se sont adaptés aux microclimats locaux de l’Asie du Sud, ce qui les rend naturellement résistants aux parasites et aux insectes locaux, et qui prospèrent avec l’eau de pluie comme source d’eau. 

Au Bangladesh, on a assisté récemment à la résurrection de la plante phuti karpas, qui poussait le long de la rivière Meghna et était essentielle à la production de la mousseline de Dhaka, le tissu le plus précieux de la planète il y a 200 ans.

En pensant à la diversité nécessaire dans la production durable – des fibres aux pratiques artisanales, il faut également créer une approche décentralisée de la mode. Les réponses à la durabilité ne sont plus uniquement basées sur des solutions descendantes provenant de structures de pouvoir hégémoniques, mais plutôt sur des approches géolocalisées centrées sur l’indigénéité et les chaînes d’approvisionnement locales. 

Ce dont nous avons besoin en fin de compte, ce n’est pas d’une production de masse supplémentaire, mais plutôt d’une production par les masses. 

Et la production par les masses ne signifie pas nécessairement la fabrication de nos vêtements à partir de zéro. Il s’agit de démocratiser la façon dont nous pouvons tous nous engager dans la mode : en apprenant à coudre pour racommoder ou adapter nos vêtements, en recyclant les pièces que nous possédons déjà, qu’il s’agisse de teindre un vêtement pour en changer le look ou de transformer de vieux t-shirts en chiffons de nettoyage. 

L’essentiel est de réfléchir aux moyens d’intégrer la longévité et la circularité dans le modèle de la mode afin de sortir d’un cycle constant de consommation.

Le modèle de mode dominant a largement fonctionné sur la base de la course mondiale vers le bas – l’idée que les marques se bousculent pour produire aussi vite qu’elles le peuvent, autant qu’elles le peuvent, aussi bon marché qu’elles le peuvent. 

Bien que les industries de la mode durable et éthique soient incroyablement importantes, elles sont restées des alternatives de niche, soulignant la normalisation de l’exploitation comme faisant partie du business habituel. (…)”

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