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Frederica Brooksworth (CIAFE): “Dans dix ans, l’Afrique sera reconnue”

La mode africaine, d’une grande richesse tant au niveau de sa créativité que de sa conception, est souvent célébrée dans les collections des marques internationales. Elle fait aussi l’objet d’expositions comme c’est le cas actuellement à Londres au Victoria and Albert Museum (V&A) depuis le 2 juillet. Mais qu’en est-il de l’éducation? Est-elle suffisamment reconnue? 

Frederica Brooksworth est une chercheuse et stratège commerciale anglo-ghanéenne. Elle est fondatrice et directrice exécutive du Conseil pour l’Éducation Internationale de la Mode Africaine (en anglais, CIAFE). Cette défenseuse de la mode et de son système éducatif met tout en œuvre pour prouver que l’Afrique a toute sa légitimité dans le monde de la mode.

Frederica Brooksworth, Fondatrice et Directrice Général du CIAFE.

En exclusivité pour Pearls magazine, Frederica Brooksworth nous présente le CIAFE et ses multiples initiatives pour hisser l’Afrique sur la scène mondiale. 

Pourriez-vous nous présenter le CIAFE?

Le Conseil pour l’Éducation Internationale de la Mode Africaine (en anglais, CIAFE) est une organisation à but non lucratif dédiée à l’amélioration des normes de l’éducation de la mode en Afrique.  Son objectif est de combler le déficit de connaissances et de compétences, de créer des opportunités pour les futurs talents et de contribuer à la croissance économique du continent. Nous accompagnons également le développement de la décolonisation du cursus mode au sein des institutions européennes et nord-américaines.

Le siège de l’organisation est situé à Londres et nous avons des bureaux à Accra (Ghana) et à New York. Le CIAFE s’est engagé à unir l’industrie de la mode et le milieu universitaire. Pour ce faire, il s’assure que les éducateurs restent au fait des compétences changeantes dues aux progrès technologiques, aux changements macro-environnementaux et aux influences culturelles dans le but que le programme respecte les normes de l’industrie.

Comment décririez-vous le système éducatif de mode actuel?

En ce moment, quand vous regardez l’éducation en mode africaine, les points forts se situent autour des domaines qui se concentrent sur la coupe de patrons. L’accent est davantage mis sur ce point et ce n’est pas suffisant car le design n’est pas le seul facteur à tenir en compte dans l’éducation de mode. Il s’agit maintenant de comprendre l’aspect commercial de la mode, d’examiner les choses sous l’angle du contrôle de la qualité, etc. Une fois ces points mis en place, il faut enseigner aux gens non seulement comment fabriquer des vêtements qui « tiennent la route », mais aussi créer des entreprises commerciales qui vont pouvoir s’exporter dans d’autres pays et qui puissent également convenir aux africains sur le continent.

Qu’avez-vous besoin d’autres regions du monde pour que l’éducation de mode en Afrique soit davantage reconnue?

Nous n’avons pas nécessairement besoin de choses provenant d’autres régions. L’essentiel est d’être inclus dans la conversation et d’être reconnu. C’est la chose la plus importante. Une fois que nous serons inclus et reconnus, cela aidera les gens à apprécier et à comprendre ce que nous faisons et à prévenir les préjugés inconscients…

Quelles sont les actions prises par le CIAFE pour améliorer l’éducation de mode?

Le CIAFE a plusieurs initiatives visant à aider les étudiants et tous les acteurs de l’éducation de mode en Afrique et au-delà :

  • Book Conversations où nous sommes rejoints par des experts de l’industrie, des universitaires et des institutions pour discuter de livres qui aident les étudiants, les éducateurs, les chefs d’institutions et les auteurs, qui souhaitent mieux comprendre l’industrie de la mode africaine.
  • Nous organisons aussi une conférence sur la technologie de la mode qui éduque les étudiants, les éducateurs et les professionnels de la mode africains sur la manière d’intégrer la technologie dans leurs programmes académiques et leurs entreprises.
  • Par ailleurs, le séminaire sur la durabilité du CIAFE éduque la communauté de la mode sur la manière d’intégrer des pratiques durables dans leurs entreprises et sur l’importance d’inclure la durabilité dans les cours de leurs institutions de la mode.
  • La ‘CIAFE Coding Class’ est une initiative portée par le CIAFE en partenariat avec la plateforme Life is Tech, un programme informatique éducatif qui permet aux étudiants d’apprendre à coder.
  • Les conférences invitées présentent un large éventail d’experts de l’industrie de la mode de divers secteurs de l’industrie qui forment des universitaires, des étudiants, des chercheurs et des propriétaires d’entreprises de mode qui cherchent à apprendre et à mieux comprendre l’industrie de la mode.
  • Le podcast CIAFE donne un aperçu aux parties prenantes de la communauté de la mode en discutant de sujets et de développements pertinents au sein de l’industrie de la mode.
  • Le Centre de langues CIAFE propose une série de cours de langues qui enseignent aux étudiants inscrits dans les langues du programme qui les aideront à mieux communiquer avec d’autres personnes de l’industrie de la mode. Actuellement, le centre de langues propose des cours de français, de portugais et d’italien qui ont lieu deux fois par an.
  • La bourse des jeunes leaders de la mode en Afrique est une expérience de travail annuelle et une opportunité d’apprentissage qui offre aux talents émergents la possibilité d’apprendre, de construire et de contribuer à la croissance d’une organisation. La bourse est une opportunité à temps plein entièrement financée pour les jeunes talents du continent d’acquérir une expérience professionnelle et un mentorat continu tout en se familiarisant avec l’industrie mondiale de la mode à travers le monde.
  • Le CIAFE s’est associé à Bloomsbury pour travailler sur des analyses de rentabilisation de la mode. Bloomsbury Fashion Business Cases donne vie aux affaires de la mode et crée un lien entre l’éducation et l’industrie. L’étude de cas CIAFE Bloomsbury a été créée pour développer l’activité scientifique sur le continent africain.

De nouvelles initiatives seront lancées prochainement.

African designer : Moshions (Instagram)

Selon vous, comment sera l’éducation de mode en Afrique dans 10 ans?

Dans l’idéal, l’éducation en mode africaine sera reconnue et respectée. Le programme et la structure des études seront décolonisés. L’éducation et l’industrie de la mode africaine seront une porte d’entrée vers la mode durable car le monde global peut apprendre beaucoup des Africains. Il y aura plus d’investisseurs prêts à investir dans l’industrie de la mode africaine. L’Afrique ne sera pas reléguée au second plan dans les conversations au niveau mondial. Dans dix ans, l’enseignement de la mode connaîtra un essor important et significatif.

Quels sont vos 3 créateurs africains préférés?

Ajabeng, Christie Brown et Moshions.

À propos de Frederica Brooksworth :

Actuellement Frederica Brooksworth est directrice d’IA Connect (Industrie Africa) et rédactrice régionale (Afrique) pour Bloomsbury Fashion Business Cases. Elle a enseigné dans de nombreuses universités telles que la London College of Fashion, la British School of Fashion et Conde Nast College of Fashion and Design.

Elle est membre du conseil d’administration du BlueCrest University College. Brooksworth a également travaillé avec des organisations telles que Business of Fashion, FashMash et Style House Files pour développer des programmes et des ressources pédagogiques.

Elle entreprend actuellement un doctorat en éducation axé sur l’innovation du système d’éducation en mode africaine afin de combler le déficit de connaissances et de compétences pour créer des opportunités d’employabilité et de contribuer à la croissance économique.

Frederica Brooksworth est titulaire d’une maîtrise en entrepreneuriat et innovation de la mode obtenue au London College of Fashion. Elle suit également des cours de formation continue à la Saïd Business School de l’Université d’Oxford. Enfin, Brooksworth est membre de la Higher Education Academy et membre du Chartered Institute of Marketing.

Son nouveau livre “Fashion Marketing in Emerging Economies” publié par Palgrave Macmillan devrait être lancé à la fin de l’année.

Crédit photo: CIAFE

www.ciafe.org